BERNADETO - Lou franprovençais, couneissès ?
Vaqui un teste que cadun, en Prouvènço, coumprènd .
Parlan uno lengo qu’es uno mescladisso de marsihés, de francés, de prouvençau ;
mai n’ia pas ges de pariero ! La lengo que parlan es de « franprovençais »
« Je vais vous raconter une de mes journées ordinaires. Cette nuit, j’ai mal dormi. J’avais le ventre gonfle avec une boufigue tout autour de l’embouligue. J’ai boulégué dans tous les sens ; du coup, je me suis aganté un mal d’esquine que je vous dis que ça ! Puis j’ai pantaillé de ces choses !
Y’avait toujours un engàmbi, j’arrivais pas à m’en sortir. Y’avait une palanquée de boumians qui me couraient derrière, je voulais m’escaper, mais je m’embronchais, je m’estramassais et fin finale, je criais sèbe avant qu’ils me chopent.
Aussi, ce matin, j’ai les yeux bordés d’anchois et je suis escagassée !
En plus de ça, mon mari me fait le mourre depuis hier soir. C’est un rénaïre, il maronne tout le temps. C’est pas la première fois qu’il fait la bèbe. Mais bon… Il tire les brègues un moment puis d’aise-d’aise, ça lui passe. M’en fouti !
Moi, en me levant, je me jette un coup d’œil dans la glace. Boudiéu ! Je ferais peur aux courpatas, je suis tout espéloufide, il faut vite que je me donne un coup de peigne !
Après, j’espinche un peu par le fénestron du cagadou . Je m’esquiche bien contre le mur pour voir si mes voisins ont ouvert les volets. Parce qu’il faut que je vous dise qu’avec nos voisins, on a mal encapé. C’est deux bestiasses ensemble ! Ils sont tant ensuqués l’un comme l’autre.
Elle, c’est une blondasse, à la peau blanquinasse. C’est un estoco-fi qui s’habille comme un caramentran. On dirait une vraie cagole. Et puis elle a des cacarinettes dans la tête !
Mais lui c’est pas mieux : c’est un balesc, toujours mal embraillé, qui marque mal ; on se demande pourquoi il s’engimbre comme ça. Il faut être complètement jobastre ! Enfin, c’est un calu ! Y’a des fois il empeste, il emboucane. En plus, c’est une brêle, un bras cassé. Il fait le càcou, c’est une croille, mais il travaille quand il lui tombe un œil. Et quand il fait quelque chose, c’est un chiapacan que tu m’as compris ! Et puis c’est une dormiasse : tout ce qui l’intéresse c’est d’aller au ballon et de boire des pastagas.
Souvent, il s’empègue d’une force ! Il est frit confit à force de s’enfiler des jaunes. Pourtant il a un moulon de picaillon, mais c’est un rapihaire.
Moi, ça me ferait devenir chèvre de voir mon mari glandouiller comme ça, de longue. Ca me gonflerait d’avoir une tronche d’àpi en face de moi tout le temps ; je te le gansaillerais !
Et puis alors, je vous dis pas le boucan qu’ils font. Des fois, le soir, c’est un chaple chez eux. C’est elle qui commence. Elle se tanque devant lui sans broncher et elle le traite de massacan, de mouligas ; elle lui dit qu’il a des mains de pàti , qu’il est longagne, qu’il part complètement en biberine… qu’elle, elle s’escrime à aller travailler, qu’elle s’esquinte la santé pendant que lui il se fait pas de bile et qu’il se les roule .
Lui, il écoute un moment sans rébriquer puis après il lui dit : « Comme tu me parles là ? Tu déparles ! Mèfi ! Tu me parles meilleur ! Espèce de poufiasse ! Je me décarcasse, je me lève un maffre comme ça… et t’i’ es pas contente ? Tu veux toujours me mettre la honte. Va caguer à Endoumé, vai ! »
Après elle, elle le traite de manjaire, de mangiapan, elle dit qu’il fait son mariole …et patin-couffin. Et elle le grafigne.
Alors il commence par lui mettre un bacèu, un emplâtre qui l’estourbit ; ça finit par une rouste que des fois on se demande s’il va pas l’espóutir. On a la pétoche avec mon mari, mais on préfère rester escoundu. Moi, j’en suis tout estransinée !
Baste qu’il l’a bien cascaillée, qu’elle a bien morflé, ils s’embrassent comme des coucourdes, ils se roulent des patins, il lui dit : « ma caille » et des poutouns par ci, des poutouns par là ; il lui donne une tape sur le tafanàri et il fait le calignaire.
Atche de ! Quand je vous dis qu’ils sont fada, madur en plein tous les deux ! Et leur minot peuchère ! Il est là au mitan. Aussi il est tout mistoulin, toujours morvelous. Les nistons, quand tu les as, il faut s’en occuper comme il faut ! Ca fait de la peine de le voir comme ça, tout gisclet.
Baste ! Pour en revenir à ma journée, une fois que je me suis débarbouillée,
je prends l’escoube dans le cafouchi et je donne un coup aux escaliers parce que dégun le fait. Des fois ils sont tout embarnissés et dans les cantoun, c’est clafi de poussière. Pour jeter les bordilles et les balayures, il
faut que j’aille en galère… Ils ont mis les poubelles à dache ! Après je passe la pièce sur les malons, je nettoie la pile, j’attends pas qu’elle soit sale à faire raquer.
Maintenant il faut que je me pimparre un peu et que j’aille aux commissions, sinon on mangera des régardelles . Je me mets un peu du trompe-couillon, du noir sur les parpelles, du rose sur les gautes . Mais pas trop ! Il faut pas que ça fasse vieille radasse. Pas besoin de se saper mais pas question non plus de porter des ravanilles . Remarquez maintenant, plus on a des pantalons trauqués et estrassés , plus on est à la mode !
Il faut que je me tape bien le cou et les oreilles parce qu’il fait fresquet.
Enfin voilà, je suis prête à descendre au marché. C’est que, moi, j’en ai des galavards à la maison, des morfales
que tu nourris pas avec un quignon ni même avec une flûte !
Je ramène du marché des cabas pleins. Mais je fais attention de pas me faire escaner le porte-monnaie et de pas me faire estamper !
J’achète des tocs de viande, des banastes de légumes. L’été c’est les pébrons, l’aiet, les faióu, les banettes, les sèbes… Je fais des tians, j’en fais cuire à la sartan . On en mange de ces gamates à se faire péter la bedaine. Après dîner, on est obligé de faire un pénéquet.
Mais au marché, j’y reste un moment. Je rencontre un moulon de gens. On blague. Tu en as de ces barjacaire ! Des fois tu peux plus t’en dépéguer …Oh pauvre ! Tu en as qui sont plantés là au mitan comme des sànti-bèlli, tu as les vieux repepiaire, les rababèu qui rabâchent toujours la même chose. C’est des vrais suce-pègue !
Enfin, remarquez, moi aussi je suis une bazarette… ça me plaît de chacher. Après, plan-planet, je monte à la maison avec mon couffin. Je marche doucement parce que j’ai des agassins !
Allez zóu, i’anan, fai -tira vai, sinon mon mari, il va encore bisquer ! »
Bernadette S-G Décembre 2019
Derniers commentaires
Andrée, Michou, Gabriel,
Es fouèsso grevanço Mirèio...
Amista. Danièlo
Gramaci Danielo pèr aquéu béu oumage à Grabrié Chabaud
Es normau Jàqui pèr Gabriéu, pèr lis autre ami e amigo de Parlaren mai es pas un plasi, ailàs... Amista. Danièlo
Ti gramaciéu Danièlo pèr lou poulit óumàgi fa à Gabriéu.